Messages : 2 Points RP : 4863 Date d'inscription : 03/08/2011 Age : 31 Localisation : Si haut.
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Sujet: just walk away, when it's over — roki yagi-za. Dim 28 Aoû - 22:54
Roki Yagi-za 怒髪天を突く
Identification du personnage
Surnom : L'ombre. Age : 26 ans. Sexe : Homme. Nindō : Je n'irais pas au ciel car je n'ai pas d'âme. Village : Kumo Gakure. Grade : Gardien de la foudre. Particularité : Corps synthétique — Régénération physique.
Thème musicale
« Style de combat »
Avoir un style de combat complet, sans failles, un style apte à être nommé ainsi, quand on a vécut si peu de temps est impossible. Se battre est quelque chose que les civils considèrent comme cruel, ils ne voient pas le mot art qui précède le mot martial, quand on en discute, ces gens trouvent que la mort est la pire partie du cycle qui régit notre monde. Les personnes n’étant pas shinobis, ou du moins ceux n’y étant pas prédestinés, considèrent tuer quelqu’un comme lâche et appellent cela un meurtre. Notre protagoniste possède une vision divergente des choses, il hait la souffrance, voir quelqu’un souffrir est pour lui une honte pour trois personnes : la victime, l’agresseur et lui-même qui n’est pas assez vif pour y remédier. Tuer quelqu’un est un délit qu’il commet sans scrupules, ni prenant pas pour autant de plaisirs malsains, son style est justement basé sur cela. Des draps noirs vous envelopperont dès que le tranchant de ses armes fleurettera avec un de vos organes vitaux et dans un délai de 30 secondes, tout sera fini. L’homme qu’est Roki demeure quelqu’un d’on ne peut plus calme, surtout lorsqu’il s’agit de se battre, son corps ne connait la sensation de blessures, son esprit celle de la défaite, et il est facile de le voir se faire trancher une partie de son corps à cause de son flegme imperturbable. Les armes qu’il utilise dans le combat sont ses griffes métalliques, qui, aiguisées à leur paroxysme, découpent finement des parties du corps de leurs adversaires et transpercent facilement des parois quand elles sont maniées avec précision et célérité.
Et comme le taureau en grand danger se servirait de ses cornes, le sombre poète dégaine sa lame, tue le cortège d’ennemi qui se présente face à lui et la range aussitôt. Cette fleur du mal embrasse et découpe toute part de sa victime, maniée avec la précision mélancolique d’un homme déjà mort et la vitesse d’un spectre malin, les néophytes sont obligés d’appeler ce que fait Roki comme de l’art. À mi-chemin entre un katana et un no-daïshi, ce sabre respecte une finesse particulièrement adaptée à dessiner d’un fuseau rouge vermeille la calligraphie de l’artiste qui la manipule. En effet, si Roki doit à quelqu’un le style qui défit l’âge qu’il possède, ce n’est pas aux cieux qui lui ont confié le fardeau d’un physique aussi étrange, mais bien à la lame dont il est nanti. La précision et la vitesse sont les maîtres mots du style de combat qu’a créé Roki, ses coups fusent tels des carreaux d'arbalète et percent des incisions chirurgicales. Ses affrontements sont beaux et ses ennemis meurent sans souffrir, sans souffler. On avait décréter qu’avoir un style de combat sans failles à l’âge de trente ans était impossible, Roki Yagi-za est loin de cette constation : il a définitivement créé un style mythologique. (Go rin no sho ―五輪書)
Nulle cause ne se perd s'il y a encore un fou capable de se battre pour elle.
Volubile
Artistique
Calme
Observateur
Érudit
Chroniques
tears and poetry
Comment peut-on raconter l’histoire de quelqu’un qui n’existe pas ? Comment pouvons-nous retranscrire la souffrance de n’être qu’un souvenir pour les êtres que l’on aime ? Un homme que les gens ont pris en deuil n’a d’autres choix que d’adopter une attitude misanthrope envers la race dont il est l’avancée. Il est le simulacre de sa propre personne, quelqu’un de moins bien, quelqu’un qui souffre du complexe des dieux. Cet ectoplasme est condamné à subir une vie d’errance intense au-dedans des âges et à travers les mondes. Il est et demeurera à jamais un fantôme, que les gens oublieront bien vite. Roki est le roi d’un pays pluvieux. Sa vieillesse est flagrante et sa sagesse paraît défiée celle des doctes vieillards qui parsèment ce monde. Sa langue n’est point vertueuse, son front n’a pas connu de joies depuis milles années et son corps est touché par le sceau grotesque de l’immortalité. Il sautille dans le désespoir. Pourquoi Roki est il ainsi ?
Au sein d’un village où la foudre liait les armes et où les montagnes transperçaient les nuages, se poursuivait l’éducation aux vertus guerrières d’un chérubin à la crinière d’anthracite et au visage terrifiant. Sa laideur l’éloignait un plus chaque jour des autres enfants en conditionnement, il essuyait les quolibets de ses semblables et se vengeait le soir dans une histoire qu’il contait à son petit frère. Il ne disait aucunes vérités dans ses récits, il fabulait dans d’épiques pamphlets les aventures d’un guerrier portant son patronyme mais n’agissant pas comme lui. Le jour, il n’était que ce simple enfant pitoyable qui feignait l’indifférence dès que les railleries lui étaient lancées à bout portant, la nuit, il devenait un homme semblable à une chauve-souris, capable de voler et d’attraper ses proies sans heurts, invincible et surpuissant. Le temps s’échappait et les enfants grandissaient, les insultes devenaient plus vexantes, les coups avaient déjà été échangées de moult fois, les haines se renforçaient, se gravaient dans les cœurs à la tristesse de leur cible. Roki appréciait le contact qu’il avait avec le reste des personnes de Kumo Gakure, surtout celui qu’il avait avec son petit frère devenu un vrai ninja et son père, dans la fleur de l’âge, qui était de très bon conseil. Quelques années s’était dispersées, Roki avait désormais 18 ans et son frangin, 12. Les différences commençaient petit à petit à se tutoyer, ce qui n’était pas sans effrayer le grand frère doutant de ses capacités de ninja, et à fortiori, d’être humain.
Sa vie était un bruit strident, la vivre était synonymes de subir un stress omniprésent. Il avait le goût du néant, ne pleurait jamais, ne souriait jamais, le soleil paraissait lunaire et la nuit paraissait être ténébreuse. Il se sentait noir comme la nébuleuse qu’il contemplait timidement, l’histoire d’une minute, il se sentait immensément grand, mais impuissant, impassible. Il sentait que son potentiel verrouillé ne s’ouvrira jamais. Sa voix résonnait toujours comme dans une immense cathédrale, même lorsqu’il était entouré de plusieurs personnes. Il se détestait et découlait de cette haine qu’il avait envers son impuissance, son existence plate qu’il ne méritait pas, une rage de devenir plus fort. Une rage qui le poussait à étudier plus que les autres, à soigner son physique, à devenir quelqu’un de respectable. Ses poèmes devenaient plus doux, il parlait de la terre et de sa fertilité, des oiseaux et de leurs chants, point de carnages et de barbaries. La bibliothèque de son village était devenue son temple et les livres, ses confrères. Il progressait en théorique, il devenait un érudit, mais négligeait sa qualité pugilistique. Ceux qui le voyaient d’un mauvais œil, les écarquillaient à l’écoute de l’étalage de sa culture sur le monde des shinobis, gardaient leurs rancœurs enfouies au sein de leurs bouches de peur de se faire contre-attaquer aussi vivement que puissamment. Cependant, ils attendaient sa chute, mutins comme s’ils avaient fait vœu de silence, ils attendaient un faux pas sur lequel ils s’appuieraient pour écraser une bonne fois pour toutes ce clou mal planté.
Plusieurs printemps sont passés, les bourgeons se sont transformés en fleur, avant de faner sous des saisons automnales presque similaires. La fresque du temps adoptait une courbe monotone. Roki s’étendait dans l’approfondissement de son apprentissage, ses bases se prodiguaient de solides carapaces, son égo avait bientôt fini de gravir la falaise de laquelle il avait chu jadis, tout allait bientôt redevenir normal. Son frère cadet, qui avait maintenant 17 ans, rentrait fraîchement dans un cortège guerrier que les conseillers politiques voyaient comme un renouveau, il devenait bientôt une célébrité du village et une fierté pour sa famille. Cette équipe était composée de trois des anciens détracteurs de Roki et de son petit frère, on la nommait la « Fleur de Lotus » pour la similarité entre la sacralité qu’avait obtenu le groupe et celle de la fleur. Ils opéraient dans des missions d’escorte et de transmissions périlleuses, particulièrement celles des relations épistolaires entre le Raïkage et les autres chefs de village caché. Roki était emplie d’une joie étouffante, car si l’armistice devait s’officialiser entre lui et ceux qui le martyrisaient étant enfant, c’était bien par leur alliance avec son petit frère. Il était si enivré par ce sentiment de soulagement qu’il n’avait jamais connu, qu’il en était devenu naïf. Quelques mois après que l’équipe agisse réellement en équipe, on vint trouver Roki à la bibliothèque, les hommes étaient vêtus de sobres toques, dans leurs yeux ne brillaient pas l’étincelle qu’ont tous les humains, ils avaient l’air de machines. Ils prièrent le rat de bibliothèque de bien vouloir se donner la peine de les suivre, ce qu’il fît avec hésitation.
On le conduisit dans une masure au centre du village, où lui proposa une chaise et un met. L’impatience de Roki s’évanouit au moment où il vit les trois frères d’armes se placer face à lui, les yeux fermés de dédain et un sourire que peu de démons osent esquisser. Il manquait quelqu’un à l’appel. Tout devenait soudainement clair dans cette atmosphère sombre. Roki se levait, une lumière aveugle perçait sa rétine, il regardait quelque chose qui n’existait pas. Et avant qu’on lui annonce que son frère était mort d’un accident pendant l’exercice de ses fonctions, il sauta sur les trois compères, dégainant un fin surin avec la conviction du tuer et le désir d’en finir. Cette mascarade n’avait que trop durer, le pantin qu’il était devait se débarrasser des fils qui le contrôlaient et se retourner contre son marionnettiste. Il savait pertinemment que la première querelle d’équipier les ferait agir ainsi, ils n’avaient pas de clémence pour les Yagi-za, qu’il s’agisse de Roki ou de son frère cadet. Il savait que l’affaire serait camouflée. Il savait tout, mais préférait rester confiant. Les cieux ont été bien cruels et la mort de son frère le laissa s’allonger sur le sol, aux frontières de la mort, battu jusqu’à la dernier bouffée d’air par le trio maudit. Intérieurement, il les tuait, leur faisait subir milles et uns fléaux, mais tout cela était faux. Il contemplait les auteurs du meurtre de son petit frère et il souffrait. Des larmes d’afflictions roulaient sur son visage boursouflé, tandis que sa main accroché à la jambe de l’un des trois types ne semblait plus lâcher son emprise. Son esprit dominait son corps, mais son corps était faible, mal entraîné, son potentiel mental surpassait la limite de l’humain... Mais il conservait son infériorité. Tout semblait sceller, tout, sauf une parcelle d’esprit qui cliquetait. Le timbre qu’émettait ce petit cri réveillait Roki, au sein d’une étendue d’eau où les bulles s’entrelaçaient, il aspira une longue lampée d’eau avant de tousser et de chercher à remonter.
La main de Roki agrippait le rivage marécageux du lac dans lequel on avait eu l’intention de le noyer, il se tirait avec lourdeur de ces eaux d’émeraude et se roulait avec un désarroi palpable dans la verdure marronnante. Il criait à la mort, tel le loup noir qu’il rêvait de devenir. Il ne pouvait vivre une existence stable, sans le pilier moral qu’était son frangin. Adopté par le diable, il devenait l’infant du pêché, faisant ses caravanes à travers cette forêt de pin aussi immense qu’imperturbable. Il vadrouillait en quête d’une échappatoire à la torture mentale qu’il subissait. Ce no man’s land avait petit à petit raison de lui et de l’état de son âme. Il devenait fou, mais aussi affamé. Sa déambulation se stoppa au moment où il tomba nez à nez avec un chevreuil, bête sainte qu’il prit en chasse aussitôt et que ses bases de ninja lui permirent de tuer sans trop de difficulté. Lors de la dégustation quoique désagréable de la viande froide, les oreilles aiguisées de Roki entendaient des bruits sourds de feuillage craquant sous le poids. Les pognes poilues d’un ours brun attiré par les effluves du cadavre écrasaient les feuilles mortes tombées au sol, jusqu’à ce qu’elles le guident à sa cible. La rencontre fut étrangement brève. Sous les hurlements redoutables de la bête et la vitesse à laquelle ses dangereuses griffes tranchèrent une partie du corps de Roki, il disait adieu à la vie, un linceul noir étouffa sa vue comme si on lui avait jeté à la figure. Il voyageait dans une brume blanche, avec un gout de sang dans la bouche et une odeur de chaire braisée dans les narines. Il pourfendait des fumées grises de son corps tout entier.
Soudain, tout tourbillonna et ses yeux s’ouvrirent promptement ! Il se redressa, puis fut aussitôt couché par la douleur. Il se tournait dans plusieurs directions, jusqu’à atterrir face à la dépouille d’un garçon. Il poussa un cri feutré, puis examina sa carcasse. La stupeur l’envahit. Il s’agissait de son frère. Il suffoquait. Il se levait, puis retombait. Il se relevait puis se soutenait face au mur de soie qui l’entourait. Où diable était-il donc ? Il se tourna vers le fanal qui éclairait la pièce et le saisit. Il s’aventura dans ce sanctuaire funèbre où malgré tout, l’atmosphère était chaude et où le thé et la viande parfumaient les sens. Il sortit de cette petite cabane paradisiaque pour trouver un vieillard perché sur un bokken, selon toute perception de la chose, en train de méditer. Il s’avançait d’un pas décidé, tendant le bras vers lui pour l’attraper. Plus il avançait, plus il sentait la terrifiante sérénité de ce maître. Plus il voyait la carrure de ce pauvre vieillard, plus il trouvait sa peur ridicule. Il se motiva, après s’être arrêté quelques secondes et courut vers lui. La douleur le surprit. Il trébucha avant de s’écraser à quelques millimètres de la base de son bâton. La secousse ne fit pas bouger ce bout de bois, étrangement fin. Il avait terriblement mal. Mais ses maux laissèrent place à quelque chose qu’il n’avait jamais ressenti auparavant. Le vieillard s’exprima.
« Tes blessures sont encore fraîches et le cercle de cicatrisation n’est pas encore entamée. Laisse-leur le temps. Laisse le temps à tes questions de mûrir. Laisse le temps au temps. Tu n’es qu’une brindille fougueuse qui se croit être un chêne, mais tu as encore beaucoup de chemin à parcourir. »
Roki levait la tête et se reculait. Il demandait pourquoi vainement, le vieillard ne lui répondait pas, il n’osait pas le toucher. Sa posture était si respectable. Il réfléchissait. Puis son frère lui revint à l’esprit. Il se précipita dans la maison, essoufflé au possible. Le maître ouvrit les yeux, d’un air inquiet et descendit de son bâton avant de l’agripper. Il savait où le trouver, il savait d’ailleurs beaucoup de choses. Il paraissait être une métaphore, un être factice imagé en guise d’échappatoire à la souffrance. Son encolure malingre vint trouver assise auprès des pleurs de Roki qu’il essuyait sur le thorax bandé de son frère, mort. Il lui expliqua après de longues pauses dans sa diction, qu’il était le frère de cet enfant et qu’il avait subit un bon châtiment de la part des hommes responsables de la mort de son frère cadet. Il disait qu’il préférait mourir plutôt que d’accorder le pardon à ces scélérats. Quand soudain, le bâton que tenait d’une main légère le maître de cette maison martela le crâne hébété de l’éphèbe, il suppliait d’arrêter et le vieux s’arrêta. Il s’approcha du macchabée avec une bassine d’eau fumante qu’il avait au préalable fait chauffer dans un coin de la pièce. Il lavait le corps des souillures qu’il avait subit. Ce rite spirituel laissait bouche-bée Roki, il s’approchait et regardait avec émoi la scène. Il regardait le maître et lui demandait ce qu’il était et pourquoi tout cela. Il lui répondit dans un soupir.
« Voilà vingt longues lunes que j’ai recueillis ce corps lumineux. J’ai décelé la joie de vivre qui l’habitait, malgré que la vie l’ait délaissé. J’étais fier d’opérer à l’encensoir d’un trésor comme lui, surtout dans un endroit comme celui-ci où les charognes jonchent le sol. Je m’y attelais quand soudain, une foule d’oiseaux noircit le ciel et j’entendais un cri. Je m’y rendais. Je vis un ours essayer de dévorer un corps ensanglanté, je calmais cette bête et récupérais le corps. Mais j’y constatais un ressenti foncièrement différent, je me demandais pourquoi ce corps souffrait même avant de céder. Je le soignais. J’essayais d’agir au mieux pour qu’il survive, car il ne méritait pas de mourir avec les vertus qu'il avait. Ce corps est le tiens. Tu m'as ordonner de t'enquérir de mon identité, et bien je ne suis qu’un simple vieillard. Cette forêt est mon bagne. L'homme est un espèce qui m'est étrangère, notre différence réside dans la plénitude, elle n'est question que de cela. J'espère t'avoir éclairer, jeune garçon. Maintenant que tu es guéri, je te prierais de bien vouloir laisser ton frère monter au ciel et de t’en aller. »
Roki refusa. Il ne voulait pas quitter son frère. Le vieux accepta à la condition sine qua non qu’il ne reste pas plus de trois jours. Sans hésiter, il accepta. Le maître lui avait préparé une chambre où il siègerait ces jours-là, mais le soir, il ne dormait pas, il observait le vieillard parfaire ses katas. Il le fascinait. Il avait une si belle maîtrise de ses mains et de ses pieds, que chaque coup poussait un souffle tempétueux sur la forêt et elle grondait si fort que l’on aurait pu l’assimiler à un colosse. Il paraissait avoir créé le Taïjutsu, il était divinement fort. Le troisième jour, Roki retrouva le vieillard et le supplia de le former. Il refusa immédiatement et sans laisser d’espoir au pauvre garçon. Il était au courant de ses pernicieux desseins et il ne pouvait former quelqu’un à la vengeance. L’imploration fut intensive, si puissante, que le maître fut obligé d’accepter, mais il posa une condition de confiance. Cette condition était bel et bien de ne pas utiliser l’art martial du San rin no sho pour les fins auxquels ils étaient prédestinés, il ne tolérait pas ce genre de représailles. La haine n’apportait que la haine et le dénuement d’humanité. Roki feignait d’accepter et jura sur sa future maîtrise qu’il n’utilisera pas ces techniques pour tuer ses némésis. C’est sur ce mensonge qu’une année se déroula. Une année où Roki est passé bien des fois sous les sandales de pailles de la mort, une année où il apprit beaucoup plus de choses sur lui-même qu’au cours de toute sa vie, une année où il découvrit que son maître était le créateur de la stratégie militaire de corps à corps, appelé le Taïjutsu, enfin, une année où il devint ce qu’aucuns autres ninjas ne pourrait devenir.
Ses danses impavides creusaient des écarts gargantuesques entre les deux personnes qu’il était et qu’il devenait. Roki sabrait comme le dieu de la guerre, sa maitrise et sa culture dépassaient les espérances de son précepteur. Il était sage, mais le pharaon en lequel il se transformait était quelqu’un d’avide. Les coups qu’il assenait puaient la haine et semblaient vouloir à leurs victimes, beaucoup plus que le seul tribut du décès. Sa puissance ne laissait présager que de sombres nuages orageux sur le ciel de son existence. Il n’était pas « l’élu » et aucunes prophéties n’était sensée indiquer qu’il deviendrait alors l’homme qu’il n’aurait jamais pu devenir. Son squelette s’était renforcé et sa masse avait crû à des mesures animales. Son entrainement se terminait sous un chêne, où l’immortalité de son âme s’officialisait par l’ingestion d’un thé vert. En ses yeux se mouvait une panthère noire prête à dévorer le corps de n’importe quel ange. Roki était mal éduqué. Sa sagesse, sa puissance et sa qualité d’intellectuel faisait de lui l’adversaire imprenable, mais une tare le laissait proie à une vie de monstre : la rancune. Ce vœu de vengeance le dévorait, il était le vecteur de chacune de ses décisions, il berçait chacune de ses nuits. L’entrainement terminé, il quitta son maître dans des adieux acerbes et sans émotions. Il reprit le chemin de Kumo Gakure, apportant avec lui quelques victuailles, des draps avec lesquels il voilerait son corps et un sabre ensiforme en guise de sacre.
Sa quête spectrale fut alors mise en branle par l’apparition de quelque chose de bien inattendu. Sûr de ses dons pour les arts martiaux, qu’un maitre habilement impersonnel lui avait inculqué avec respect et prud’homie, il resta pantois face à sa rencontre avec ce qu’on appelait un démon. Emmitouflé sous de sombres linges, il drapait le dénuement d’âme qui le séparait des hommes, il semblait n’être qu’un amoncellement de maléfices et les perles d’or qui trônait sous les déchirures de ses tissus semblaient elles même avoir été dérobées à un roi. Roki, face à cette gravure fantastique, ne savait que faire et demeurait ébahis dans la confrontation avec ce que personne n’avait jamais vu. Sa force n’équivalait pas la puissance démoniaque et personne ne pouvait égaler cela. Il s’adressa de vive voix à cette abomination en lui demandant, non pas qu’il était, mais que faisaient-ils sur la même route. La voix qui sortit de ces lambeaux gris fût tout sauf humaine. Le chant dissonant qui s’en échappait informait Roki qu’un contrat avait été passé et que chaque pas qu’il faisait, apposait une fissure au marbre de la vérité. Son visage devint blême, il susurra une prière et recula d’un petit bond. Quel était ce monstre mi-homme, mi-fantôme ? Cette hère fantasmagorique détenait la vérité, il savait ce qui s’était passé et ce qui allait se passer. Sans réfléchir d’avantage, le jeune guerrier dégaina sa lame, qui, en un geste habile, vint chatouiller le gosier carnivore de la bête. Il le somma d’ôter l’ambiguïté dont ses propos se gorgeaient, sans quoi il n’hésiterait pas à découper sa peau de nuit du tranchant de son sabre.
La pointe de l’épée effleurait la gorge bandée du fantôme. Le spectre avança. Le spectre saisit l’épée de sa paume. Roki était apeuré. Le spectre s’enfonça l’épée dans la gorge à plusieurs reprises. Des taches d’encre perlèrent la terre. Le ricanement qu’il entendit alors fut un rire qu’il n’oubliera jamais, au grand jamais. La voix semblait sortir des flammes, il semblait souffrir et en même temps, jubiler, il semblait être mort, mais plus vivant que Roki, plus vivace que lui. Il répéta une dernière fois que la vérité finissait toujours par se savoir. Les sentiers du pêché étaient jalonnés de plus horrifiantes terreurs, malheureusement Roki ne le savait pas. Cette présence démoniaque s’éclipsa sous un halo de noirceur et de tristesse. Il semblait personnifier l’horreur, mais aussi le châtiment. Roki fît une pause d’un jour pour penser avec vigueur et pragmatisme. Il pensa longtemps. Il philosopha sur le sens des évènements. Il prit de la distance. Mais la distance avait beau s’échelonner à des mesures titanesques, la tournure qu’avait pris cette vendetta ancrait Roki dans une ligne droite d’où il ne pouvait s’éloigner. Son destin se dessinait petit à petit et ses formes s’avéraient cornues.